L'Afére Pecârd - Arpitan savoyard, vaudois, lyonnais-forézien, valdôtain (orthographe de référence), 2007
Dans «L’afére Pecârd», traduction de L'affaire Tournesol, Tintin et les autres héros évoluent pour une moitié de l’album en Arpitanie. Nous avons tenté, autant que faire se peut, de faire coïncider le plus de monde avec la région concernée. Bien qu’il soit reconnu que Moulinsart se situe dans le Brabant, nous avons fait parler le petit monde du château en patois lyonnais-forézien, mais Tintin, le héros mythique, parle savoyard, car la Savoie est une des régions arpitanes où les parlers sont le plus vivants et il fallait bien quelqu’un pour la représenter. En Suisse romande, en particulier dans le canton de Vaud (Nyon, Rolle), les parlers sont assez différents et de Lyon et de la Savoie du Sud, seule Genève se rapproche fortement de ceux de la Savoie du Nord toute proche. L’automobiliste italien qui renverse Haddock page 36 n’est plus de Milan, mais d’Aoste. Enfin les Syldaves et les Bordures parlent un arpitan plus standardisé, où les formes les plus belles et les plus courantes sont mises en valeur.
Car l’arpitan est une langue qui connaît une grande quantité de variétés, surtout phonétiques, mais pas seulement. Aussi, il lui fallait une orthographe supra-dialectale, englobante, comme il en existe pour les autres langue régionales (breton, basque, occitan) ou nationales. La nôtre s’appelle Orthographe de référence B (ORB), elle est comme les autres langues romanes d’inspiration étymologique, morphologique et dérivative. Mais nous allons aussi vous donner quelques formes locales en Graphie de Conflans, qui est purement phonétique. Il faut savoir qu’en arpitan, on trouve fréquemment les fricatives interdentales comme en anglais thing (noté en Conflans sh) et this (noté zh).
Ainsi le verbe “changer”, orthographié en ORB changiér, se prononce chanji à Lyon et dans le Forez, shanzhi, stanzdyé ou tsandzé dans la Savoie, tsandzi ou tsandjé en Suisse romande, tsandzé à Aoste. De la même manière, pour dire “nous chantons”, on dit je chanton à Lyon, on tsante en Haute-Savoie, no tsantin en Savoie, en Suisse romande et à Aoste.
Les consonnes finales ne se prononcent généralement pas, sauf en liaison : los homos (louz omo) les hommes, l’accent tonique se porte sur la dernière syllabe, mais sur l’avant-dernière si celle-ci se termine par -a, -o, -e, -os, -es et quelquefois -ont (chantont ils chantent). Les groupes cll-, gll-, fll- indiquent une prononciation fréquente kly, gly, fly.
Pour plus d'informations, lire un extrait de la revue de presse • Reportage vidéo (Annecy) • Reportage vidéo (Nyon) • Acheter l'album (Amazon.fr)
“Je vais au Palais de Rumine pour écouter la table ronde et ses invités. Arrivant dans une grande salle de conférence, j'aperçois Charles Dierick des Studios Hergé, dans le rôle de modérateur avec à ces côtés Philippe Goddin, ancien secrétaire général de la Fondation Hergé, Bernard Cosey un dessinateur suisse et Dominique Stich docteur en linguistique et traducteur de l'Affaire Tournesol en arpitan (ou francoprovençal). Philippe Goddin nous a parlé de sa biographie qui sortira en octobre aux Éditions Moulinsart (...) Bernard Cosey, lui, a expliqué certains liens entre son oeuvre et le Tibet et nous a également raconté sa rencontre avec Hergé. Dominique Stich nous a parlé de la langue française et de son emprise sur les patois régionaux, de l'arpitan, et du travail qui a été nécessaire pour réaliser la traduction de l'album. Quant à Charles Dierick, il n'a pas hésité a intervenir pour poser ses propres questions, avec chaque fois une pointe d'humour. Après l'intervention, "chronomètrée" par le modérateur, de chaque invité, il était possible de poser des questions aux 4 participants de la table ronde. Globalement, ce fut un moment des plus intéressant.”
Lé Pèguelyon de la Castafiore - Arpitan bressan (orthographe phonétique), 2006
Lè Pèguelyon de la Castafiore est une version en arpitan bressan de l'album de Tintin Les Bijoux de la Castafiore, parue chez Casterman en 2006. Elle a été diffusée à l'initiative de l'association Patrimoine des Pays de l'Ain. Le lancement a eu lieu au Musée des Pays en Bresse à Saint-Étienne-du-Bois (Ain). Il s'agit de la première traduction d'une bande dessinée en francoprovençal. Deux autres adaptations de Tintin dans cette langue sont parues l'année suivante (2007): L'Afére Tournesol (arpitan gruérien) et L'Afére Pecârd (version du même album, mais en arpitan standard, dans la graphie supradialectale proposée parDominique Stich).
Langue et graphie utilisées
Les traducteurs, Manuel Meune et sa mère, Josine, n'ont pas cherché à utiliser une langue bressane supralocale, qui resterait à créer, mais ils ont eu recours à la variante qu'ils connaissaient le mieux, tout en s'inspirant d'écrits existants représentant d'autres variantes. La variante linguistique choisie est celle du sud de la "Bresse bressane" (région de Bourg-en-Bresse), et plus précisément celle du village de Confrançon (Ain), dont est originaire la traductrice. La compréhension est plus facile pour les locuteurs des localités du sud de la Bresse de l'Ain que pour ceux du nord (cantons de Saint-Trivier-de-Courtes et de Pont-de-Vaux) et de l'ouest (Val-de-Saône) ou pour ceux de l'est de la Saône-et-Loire. Malgré le glossaire en fin d'album, elle reste parfois difficile même pour certains locuteurs de cette variante de Bresse du sud, tant ils ont peu été habitués à lire leur langue maternelle.
La graphie adoptée est la graphie semi-phonétique dite de Conflans, mise au point par des Savoyards pour l'arpitan: on y souligne (ou met en gras) la voyelle accentuée afin d'indiqué si l'accent porte sur la dernière ou sur l'avant-dernière syllabe d'un mot. Cette distinction est particulièrement importante en arpitan; non seulement elle facilite la lecture d'une langue dont l'accentuation varie plus qu'en français, mais elle permet d'éviter certaines confusions (bena = "bonne" / bena = "Benoît"; édye = "eau" / édye = "aider"). On peut aussi ne souligner la voyelle accentuée que lorsqu'elle est dans l'avant-dernière syllabe et utiliser un tréma lorsqu'une voyelle est accentuée dans la dernière syllabe (édyë = "aider"). Cette graphie permet aussi de noter les interdentales, fréquentes en Savoie comme en Bresse: sh (correspondant à l'anglais think) et zh (anglais that). Les glossaires de bressan utilisent différentes variantes de la graphie de Conflans, qui note le son [k] généralement par le graphème "k" mais aussi par le graphème "c" / "qu". La variante choisie pour les Pèguelyon souligne la voyelle accentuée dans l'avant-dernière syllabe, mais utilise le tréma sur le -e final accentué, et le graphème "c / qu" pour noter [k].
Les toponymes sont adaptés à la réalité bressane. Le Château de Moulinsart devient "Lou shôté de l'Ônizhe" ("le château de l'Asnière), autre nom du château de Loriol, situé sur la commune de Confrançon. Le magazine illustré "Paris-Flash" est devenu Lyon-Flash ("La dépêche" La voix de la Bresse).
Accueil du public et des médias
L'album a bénéficié d'une grande attention médiatique (presse régionale, France 3, M6 Lyon) et d'un accueil bienveillant de la part de public bressan. Ceci témoigne à la fois de la notoriété de Tintin et de l'intérêt pour un patrimoine linguistique en voie de désaffection. Beaucoup se sont procurés l'album pour des raisons identitaires liées à l'attachement régional, car si certains avaient encore une connaissance au moins passive du bressan, d'autres ignoraient sinon son existence, du moins ses sonorités du bressan, qu'ils avaient soudain la possibilité de découvrir.
L'afére Tournesol - Arpitan gruérien (orthographe phonétique), 2007
L’Afére Tournesol est le nom de la traduction en arpitan gruérien (canton de Fribourg) de L’Affaire Tournesol. Elle a été éditée en 2007 à l’occasion du centenaire de la naissance d’Hergé. La traduction est l’œuvre de Joseph Comba, président de la Société des Patoisans de la Gruyère.
Vous trouverez plus d'informations sur la page de l'association tintinophile fribourgeoise Alpart.
L'afére Tournesol - Arpitan dauphinois (orthographe phonétique), 2012
Une nouvelle traduction de Tintin en arpitan est disponible depuis juillet 2012, et c'est la variante matheysine qu'a choisi Jérémie Polychronis, un tintinophile convaincu, pour faire parler les personnages des Bijoux de la Castafiore, titré en patois dauphinois du canton de la Mure Les Bèrloqués de la Castafiore.
La traduction et le lancement d'un album de Tintin en langue régionale est une aventure difficile dans laquelle Jérémie se plonge tête baissée dès 2008, pour son plus grand succès.
À partir de mai 2009 il se met en quête de partenaires financiers et commerciaux pour l'acquisition et la diffusion des 3000 albums du projet.
Tout se débloque et les choses s'accélèrent lorsqu'en décembre 2011 la Communauté de Communes de la Matheysine accepte de financer le projet. Les partenaires commerciaux sont déjà trouvés, librairies Gribouille à La Mure et BD Fugue Café à Grenoble.