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Toponymie arpitane: les noms en -oz, -az, -ex, -ix



La principale source de survivance de l'arpitan se fait dans les noms de hameaux, pays, bourgs et villes de l'aire de diffusion. Les suffixes en -az, -oz (-otz), -uz, -ax, -ex, -ux, -oux, et -ieux (-ieu) en sont caractéristiques. Ils indiquent la syllabe accentuée. La dernière consonne est rarement prononcée, ou bien sa prononciation indique l'origine étrangère du locuteur. Pour les noms multisyllabiques, « z » indique l'accentuation sur l'avant-dernière syllabe, et « x » sur la dernière , ex : Chanaz : /ˈʃɑ.nɑ/ ( shana ) ; Chênex : /ʃɛˈne/ ( shè ).

La Giettaz = La Giette (au pire La Gietta)
La Clusaz = La Cluse (au pire La Clusa)
La Forclaz = La Forcle (au pire La Forcla)
etc.

LISTE DE TOPONYMES
(non exhaustive)

France

  • Ain : Outriaz, Seillonnaz, Ordonnaz, Culoz, Marboz, Contrevoz, Beynost, Oyonnax, Sonthonnax-la-Montagne, Gex, Echenevex, Chevroux, Lescheroux, Jujurieux, Civrieux, Misérieux, Meximieux, Toussieux, Ceyzérieu, Pugieu, Perrex, Niévroz, Lagnieu, Lompnaz, Lompnieu, Ambérieu.
  • Ardèche : Boulieu.
  • Doubs : Saraz, Éternoz, Bolandoz, La Cluse-et-Mijoux, Montmahoux.
  • Jura : Saffloz, Vertamboz, Morez, Lajoux, Le Vaudioux.
  • Pays de Savoie: Arthaz-Pont-Notre-Dame, La Clusaz, La Forclaz, Marlioz, Marnaz, Menthonnex, Monnetier-Mornex, La Muraz, Peillonnex, Chanaz, Sonnaz, Motz, Lovettaz, Séez, La Motte-Servolex, Ontex, Verthemex, Avrieux, Ruffieux, Chindrieux, Champagneux, Drumettaz, Barberaz, La Féclaz, La Giettaz, Frontenex, Saint-Jean-de-Couz, Saint-Pierre-de-Gernebroz, Verthemex, Viuz-en-Sallaz, Marcellaz, Aviernoz, Chevenoz, Charvonnex, Chênex, Moillesulaz, Seythenex, Thélévex, Seytroux, Combloux, Les Carroz, Viuz-la-Chiésaz, Metz-Tessy, Avoriaz, Chainaz-les-Frasses, Chessenaz, Chevenoz, Copponex, Excenevex, Praz-sur-Arly, Reyvroz, Saint-Jorioz, Seythenex, Servoz, Veigy-Foncenex, La Vernaz, Verchaix, Versonnex, Vétraz-Monthoux, Villaz, Ville-en-Sallaz.
  • Rhône : Jarnioux, Ouroux, Rillieux-la-Pape, Sermenaz, Grézieu-la-Varenne, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Manissieux, Saint-Fons, Meyzieu.
  • Loire : La Tour-en-Jarez, Razoux, Chénieux, Écullieux, Aveizieux.
  • Isère : Vernioz, Saint-André-le-Gaz, Proveysieux, Ornacieux, Brussieu, Courzieu, Monsteroux-Milieu, Monseveroux.

Suisse

  • Genève : Athenaz, Choulex, Onex, Laconnex, Saconnex, Thônex, Troinex, Certoux, Bardonnex,
  • Fribourg : La Brillaz, La Sonnaz, Chésopelloz, Neyruz, Pont-en-Ogoz, Crésuz, Ferpicloz, La Folliaz, Noréaz, Préz-vers-Noréaz, Riaz, Sévaz, Vaulruz, Vuisternens-en-Ogoz.
  • Neuchâtel: Val-de-Ruz, Brot-Plamboz, Le Prevoux, Mutrux.
  • Valais : Arbaz, Dorénaz, Nendaz, Vérossaz, Mazembroz, Vétroz, Nax, Mex, Vex, Evionnaz, Massongex, Illarsaz, Muraz, Verossaz, Vionnaz,
  • Vaud : Saubraz, Cerniaz, Penthaz, Tolochenaz, Cheserex, Trelex, Paudex, Bex, Arnex-sur-Nyon, Arnex-sur-Orbe, Borex, Champtauroz, Chanéaz, Château-d'Oex, Cheseaux-Noréaz, Founex, La Praz, La Sarraz, Mauraz, Mex, Monnaz, Naz, Neyruz-sur-Moudon, Rennaz, Riex, Rivaz, Ropraz, Saint-Légier - La Chiésaz, Saint-Prex, Saubraz, Signy-Avenex, Suscévaz, Trélex, Villars-Mendraz,

Italie

  • Val d'Aoste : Bionaz, Runaz, Lillaz, Cherolinaz, Planpincieux, Échevennoz, Morgex, Isollaz, Arbaz, Tollégnaz, Allésaz, Fénillaz, Morgonaz, Orbeillaz, Arcésaz, Extrépiéraz.


TÉMOIGNAGES

Berlioz ne rime pas avec myxomatose

La Savoie a une histoire, mais elle a aussi une orthographe particulière. Pour éviter les fautes de prononciation, Henri rappelle les bases de la graphie savoisienne dans une ultime chronique.

En Savoie, de nombreux noms de lieux ou de famille se terminent en oz, az, ex ou uz. Mais ces graphies typiques provoquent de multiples erreurs de prononciation. Il n’est pas rare d’entendre prononcer le z final avec un accent tonique sur la dernière syllabe. Ainsi, Berlioz sera prononcé Berliose, comme myxomatose. Et certains porteurs de noms en oz ou en az vous affirmeront, sans rire, qu’ils sont d’origine espagnole. L’origine de l’orthographe savoisienne est pourtant bien connue des philologues, mais il est navrant de constater à quel point le public l’ignore. C’en est à croire que la graphie de Savoie sent le fagot, a quelque chose de suspect, de saugrenu. Notre orthographe fait cependant partie de notre patrimoine. Elle mérite donc notre respect et celui des gens qui admettent le droit à la différence.
Si son utilisation fut généralisée par Pierre II, dit le Petit Charlemagne, qui régna sur la Savoie de 1262 à 1268, cette orthographe n’est pas née de la fantaisie d’un comte, mais du souci qu’avaient les scribes de distinguer la prononciation du patois de celle du latin. Dès le IXè siècle, des clercs eurent l’idée d’utiliser des consonnes « inutiles » de l’alphabet latin (x et z) pour signaler une prononciation indigène différente de la prononciation latine. Ce procédé d’adjonction de consonnes pour modifier le son latin est d’ailleurs utilisé dans presque toutes les langues romanes. Mais nos clercs l’ont fait à leur manière. Nos terminaisons en z ou en x sont donc purement conventionnelles. Et pas plus bizarre que le z de chez ou le x de chevaux en français.
Rappelons quelques règles simples. Le x final ne se prononce pas. Ainsi, Fernex se prononce Ferney. Le z final ne se prononce pas non plus et indique que la voyelle terminale, atone, se prononce presque comme un e muet, mais en marquant légèrement le son a, o ou u. Mermoz se prononce donc Merme, en marquant très légèrement le o. Lorsque le z final suit un groupe de voyelles tel io ou ia (Marlioz, Verniaz…), ce groupe de voyelles doit être presque atone et mouillé, comme en français le n précédé d’un g est mouillé dans le mot Bretagne. Orthographié façon Savoie, il s’écrirait Bretaniaz. Ce système permet de mouiller toutes les consonnes, ce que ne permet pas le français. Un dernier exemple avec Jorioz, qui se prononce Jo-R-Ye avec accentuation sur le Jor. Et on voit là que notre graphie peut être intraduisible en français car, si l’on remplace ioz par ie, cela donne Jorie (prononcer Jory), ce qui n’est pas du tout la même chose.
Alors de grâce, que ceux qui ont la chance de porter des patronymes bien de chez nous, tel Anthonioz, Neplaz ou Contoz, rappellent à leurs interlocuteurs que cela se prononce Antogne, Nèple ou Conte, et pas Entoniose, Naiplase ou Contose. Le respect de notre Savoie passe par le respect de son orthographe.

Henri Denarié

La Voix des Alloborges n°13, 2007.


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J'ai un souci : mon nom se termine en AZ, mais celui la il se prononce, pourtant je viens bien de la Savoie (St Sulpice/Chambéry). Est ce par le fait que je suis "expatrié" en Isère que la prononciation a changé? toujours est il que dans mon cas, ca se prononce. Par contre j'ai un ancetre chez qui on ne le prononçait pas puisque sur son acte de naissance en 1826, son nom est écrit avec un E final au lieu du AZ...

[Chartreuse Verte / Forum Envoie du Gros]

Henri [Denarié] dirait que tu le prononces parce ta famille a été victime d'un ethnocide... Et pas besoin pour ça d'être expatrié en Isère. Je me rappelle d'un sexagénaire du bourget du lac me soutenant mordicus que son patronyme, se terminant comme toi en az, se prononçait ase. Pourtant, quand je lui demandais comment son père prononçait son nom, il me disait : c'est vrai, il ne prononçait pas le z. mais lui tenait absolument à le faire.
Le temps et l'oubli sont sans doute les meilleur alliés de l'ethnocide... Si on ne se bouge pas le cul, tes descendants croiront peut-être que leurs ancètres étaient Espagnols.

[La Vouè / Forum Envoie du Gros]

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La tendance actuelle des autochtones me semble être de larguer totalement le a muet et d'appuyer sur ce qui est devenu l'accent tonique sur la dernière syllabe.

Il y a deux autres tendances qui sont sensibles:
1.- L'hypercorrection des jeunes.
2.- L'hypercorrection des étrangers à la zone (par étranger, j'entends ici celui qui n'a pas idée des usages locaux), par exemple les touristes ou les nouveaux arrivants.

Pour se faire une idée, je prends la terminaison en -az, comme dans Muraz, Illarsaz. La prononciation originale est Murå/Mur et Illarså/Illarss

1.- Les jeunes prononcent comme dans raz-de-marée, autrement dit: Ils disent déplacent l'accent tonique sur le a et ne disent pas le z. On a donc: Mura - Illarsa
2.- Les étrangers prononcent tout, y compris le z final: Murazzz - Illarsazzz.

[Jean-Charles / Forum Babel]


Voir également:
La toponymie savoyarde et les nouvelles cartes de l'Institut Géographique National